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Homélie du 32è dimanche du Temps Ordinaire
Accueil : Je n’ai jamais connu la guerre car, heureusement, je suis né dans un pays en paix.
Mais, la paix est fragile. Célébrer le 11 novembre, et le célébrer encore plus, 100 ans après, ce n’est pas seulement une attitude protocolaire sacrifiant à une tradition. C’est un devoir de porter ensemble un cri d’espérance en la paix toujours possible. Et nous le croyons il n'y a pas de paix sans pardon. Non pas un pardon pour oublier mais un pardon pour ne pas oublier en s'efforçant de passer PAR dessus les souffrances pour oser reDONner confiance en la paix.
Homélie à partir de l'Évangile de Mc 12, 38-44 :
J’aimerais lire avec vous quelques extraits d’un carnet écrit dans les tranchées au début de la grande guerre 14 – 18. Il s’agit du carnet de guerre de mon arrière-grand-père Léopold Coly qui a été mobilisé le 2 août 1914.
Il a écrit : « A Saint Laurent nous bivouaquons. Le 24 août 1914 nous quittons le bivouac pour prendre position. A peine sommes-nous placés que les obus de toutes sortes pleuvent autour de nous… 3 heures après, nous reculons et prenons la direction de Mortagne. Alors que nous avons fait 12 kms, nous recevons l’ordre de revenir à saint Laurent prendre les avant-postes. Le 331ème est sacrifié et j’ai su depuis que le soir le colonel avait pleurer… »
Le 8 janvier 1915, Léopold Coly reçoit un éclat d’obus dans la tête et il avait écrit juste avant d’être blessé : « Puisse cette maudite guerre finir bientôt ! En ce moment, j’écris fourré dans un trou comme un lapin dans une cage. Je viens de peigner mon bouc et je me suis aperçu que mon miroir était cassé. » Son miroir a été cassé puis c'est sa tête qui a été fracturée. Il est revenu de la guerre avec un éclat d'obus dans la tête.
Dans beaucoup de nos familles, il y a eu des victimes à cause des guerres, et en particulier à cause de la guerre 1914-1918.
Aujourd’hui, en ce 11 novembre 2018, nous pensons à tous ceux qui sont morts et à tous ceux qui sont blessés à cause des guerres, des conflits armés, ou encore à cause des attentats.
Plus nous apprenons à faire mémoire et à prier, plus nous entrons dans un comportement de paix qui construit le monde au lieu de le détruire.
C’est pourquoi, en ce 11 novembre, nous pouvons renouveler un engagement très simple et très essentiel, celui de nous comporter en humains, en faisant ce qui est digne de l’être humain créé à l’image de Dieu, en reconnaissant la beauté et la grandeur de l’Homme, non seulement dans l’héroïsme mais aussi plus simplement dans la vie quotidienne.
C’est seulement en devenant de plus en plus humains que la paix grandira dans les coeurs.
Oui, reconnaissons et servons l’Homme dont la grandeur ne saurait être négociée.
Renouvelons notre engagement en nous mêmes et chez les générations plus jeunes pour faire de la prévention et ainsi prévenir les fléaux qui causent les guerres. Citons notamment le fléau de la peur de l'autre, et surtout la peur de ses différences.
Que notre acte de mémoire de ce jour de l'armistice du 11 novembre 1918, ne nous enferme pas dans le passé mais au contraire oriente toute notre vie vers l’avenir, celui d’une vie en Dieu où il n’y a de place que pour la paix.
Jésus le Christ n’a jamais perdu l’espoir de voir quelqu’un progresser dans l’amour de Dieu et des autres.
Il y a mille manières pour faire attention aux autres et pour donner le meilleur de soi-même : ce sont des intentions, des gestes concrets.
Jésus a bien remarqué les deux piécettes que la pauvre veuve a déposées dans le tronc du Temple.
Elle a tout donné ! Tout ce qu’elle avait pour vivre. » C’est en donnant ce que l’on a pour vivre que l’on montre le mieux notre attention aux autres.
Aimer ne se limite pas à éprouver des sentiments.
Jésus nous redit qu’aimer c’est agir.
Aimer, c’est agir, et agir en se donnant soi-même.
En Jésus, Dieu ne se contente pas de donner : Il SE DONNE, IL DONNE TOUT, IL DONNE JUSQU’AU BOUT.
Comme nous avons besoin à chaque Eucharistie, Seigneur, comme le monde a besoin que tu nous rappelles sans cesse : « Voici mon Corps livré, voici mon sang versé. » « Voici ma Vie, mon Amour donnés jusqu’au bout. »
Un pilote de guerre français de la Première Guerre mondiale, Georges Guynemer, né le 24 décembre 1894 à Paris, mort au combat le 11 septembre 1917 à Poelkapelle, disait : « Tant qu'on n'a pas tout donné, on n'a rien donné. » Et tout donner c'est se donner soi-même.
Tags : Dieu, guerre, paix, Christ, Jésus Christ, messe, Eucharistie, homélie, dimanche, Seigneur
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