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Homélie du 5è dimanche de Pâques
Homélie :
Dans la 2ème lecture de la Lettre de St Jean, nous avons entendu
« … nous devons aimer : non pas avec des paroles et des discours mais par des actes et en vérité. En agissant ainsi, nous reconnaîtrons que nous appartenons à la vérité et devant Dieu nous aurons le cœur en paix ;
… Or, voici son commandement : avoir foi en son Fils Jésus Christ, et nous aimer les uns les autres comme il nous l’a commandé. Et celui qui est fidèle à ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui ; et nous reconnaissons qu’il demeure en nous, puisqu’il nous a donné son Esprit. »Saint Jean a retenu de Jésus un commandement qu’il répète souvent dans ses Lettres : celui de l’Amour mutuel.
C’est ce que Jésus a accompli de multiples manières, jusqu’au don de sa vie. Ainsi Jésus a révélé que Dieu, son Père et notre Père, est Amour. Non pas dans le sens romantique et sentimental du mot, mais dans des actes concrets.
« Nous devons aimer : non pas avec des paroles et des discours mais par des actes et en vérité. »
Quand nous parlons de la résurrection de Jésus, c’est dans cette perspective que nous pouvons nous situer. Ceux qui ont crucifié Jésus n’ont pas cru qu’il est l’Amour personnifié, image parfaite de Dieu son Père et Notre Père. Ceux qui ont crucifié Jésus ont oublié de se référer à la Bible, et à ce qui est écrit dans le « Cantique des cantiques » : « L’Amour est fort comme la mort, ses traits sont des traits de feu, une flamme de Dieu. Les grandes eaux ne pourront éteindre l’amour, ni les fleuves le submerger. Qui offrirait toutes les richesses de sa maison pour acheter l’Amour, ne recueillerait que mépris. » (Ct 8, 6)
Les chefs religieux ont fait crucifier Jésus, mais ils n’ont pas pu éteindre l’Amour qui est le dynamisme de toute la vie de Jésus, et aussi le sens de sa mort. Les chefs religieux qui ont fait mourir Jésus ont oubliés que l’Amour qui est en Dieu résiste à tous les haines, et que rien ne peut l’éteindre.
Oui, la résurrection de Jésus est la résurrection de son Amour en ses disciples, et en tout être humain de bonne volonté. Et cet Amour se traduit dans des actes de résurrection.
Dans l’Évangile selon St Jean, Jésus invite ses disciples à demeurer en cet Amour qui a animé tout son être. Son langage encore est imagé. Jésus parle de lui-même en parabole. Après la parabole du bon pasteur de dimanche dernier, voici aujourd’hui, en ce 5ème dimanche de Pâques, la parabole de la vigne.
« Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron.
… Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter du fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi. […]Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voudrez, et vous l’obtiendrez. Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous donniez beaucoup de fruit : ainsi, vous serez pour moi des disciples. »Les mots « demeure et demeurer » reviennent souvent dans les écrits de saint Jean. « Demeurez en moi comme moi je demeure en vous ». Pas de plus forte expression pour dire ce qu’est la foi chrétienne. Elle est cohabitation intérieure et communion constante, et vie d’une même sève. Le sarment n’est pas extérieur au cep de la vigne. La même sève les vivifie l’un et l’autre.
Dans le Credo nous disons : « Je crois en Dieu, en Jésus Christ, en l’Esprit Saint ». Je dépose en Dieu ma confiance, je remets mon être entre ses mains. La proclamation de la foi est une déclaration d’amour et de confiance, dans le cadre d’une alliance et d’un don mutuels. Proclamer notre foi c’est actualiser une fidélité, nous dire et nous redire « en qui nous avons mis notre foi » en qui nous avons fait notre demeure, établi domicile, et en même temps de nous redire le grand mystère de notre foi : Dieu lui-même, en Jésus Christ vient établir en nous sa demeure.
Demeurer dans le Christ ne consiste pas à vivre seulement une expérience extatique et intimiste. Une expression revient cinq fois dans le texte : « Porter du fruit… en abondance ». Alors, comment savoir si nous demeurons vraiment en Jésus Christ, si nous sommes dans la vérité ?
Tout simplement, en semant autour de nous la vie, la joie, la bienveillance, le pardon, en refusant ce qui nous enferme sur nous-même, en combattant le mal par le bien : Donc en vivant et en agissant à l’exemple du Christ, en portant comme lui en abondance, des fruits qui favorisent la relation, la communion.
Avons-nous besoin de communier pour donner du fruit ?
Plus j’avance dans la foi, plus je prends conscience que j’ai besoin de cette sève de Dieu pour donner du fruit, à la fois, bon pour moi et bon pour les autres.
Alors, de l’image de la vigne, nous pouvons passer à une autre image, celle de notre vie que nous recevons de Dieu chaque jour.
Nous avons l’habitude de dire que nous passons de l’enfance à l’adolescence, de l’adolescence à l’âge adulte et de l’âge adulte à un âge avancé.
Hé bien, avec la foi en Dieu, la foi en Jésus le Christ, c’est le contraire ! Plus on avance dans la vie, et plus on devient enfant de Dieu dans notre manière d’être, dans notre manière d’avoir besoin de Dieu, de Jésus.
La foi chrétienne, la foi de l’Eglise, la foi des baptisés que nous sommes, refuse de croire que la vie est un dépérissement, une descente. Non, la vie est une montée et une montée vers la vie éternelle et la communion avec Dieu.
Voilà ce que veut nous dire l’image de la vigne. Laissons la sève du Christ montée en nous. Laissons le Christ nous perfectionner un peu plus chaque jour. Apprenons à imiter Jésus le Christ, un peu plus chaque jour, pour découvrir dans la foi tous les fruits que nous pouvons faire grandir en nous.
Tags : homélie, dimanche, Pâques, Esprit Saint, Jésus, Dieu, foi, Christ, amour, demeure, fruits
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