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Homélie Christ Roi
Jésus Christ nous appelle à être "roi avec Lui" !
Voici le dernier dimanche de l’année liturgique (de l’année A avec l’évangile selon Saint Matthieu) et fête du Christ Roi de l’univers. Quand nous pensons à un roi, spontanément nous pouvons penser au roi Louis XIV ou au roi d’Angleterre avec leur couronne d’or, leur carrosse rutilant, leur trône incrusté de pierres précieuses et leur habit richement décoré.
Mais jamais Jésus le Christ n’a eu de telles richesses ! Alors, comment peut-on dire qu’il est roi et en plus roi de l’univers ?
La couronne de Jésus est une couronne d’épines. Son carrosse est un petit âne sur lequel il est entré à Jérusalem le jour des Rameaux. Son habit de roi est un manteau rouge qu’un soldat romain lui a donné pour se moquer de Lui. Et le trône de Jésus c’est la croix qui est un instrument de souffrance et de mort ; et Jésus crucifié nous révèle ainsi sa royauté pour le monde entier, pour l’univers.
En effet, la royauté de Jésus Christ prend sa source en Dieu, son Père et notre Père du Ciel. Sa royauté, c’est l’Amour. Sur son trône sacré, la croix, au comble de la souffrance, il a exercé cette royauté d’Amour car il a pardonné à ceux qui l’ont crucifié et il a aussi sauvé « le larron » condamné à côté de Lui et qui s’est tourné vers Lui.
Et voilà que Jésus nous appelle à être "roi avec Lui" : " Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. "
En effet, en recevant le baptême, nous sommes marqués du sceau divin de l’Amour comme « prêtres, prophètes et rois ». Nous sommes appelés à être rois à la manière de Jésus-Christ. Par la grâce du baptême, en nous donnant l’Esprit Saint, Dieu le Père par les mains de son Fils Jésus Christ nous rend capables de dépasser les simples sentiments humains pour devenir des rois et des reines de l’Amour.
Si nous accueillons l’Esprit Saint en vérité, si nous le laissons changer notre regard et notre cœur, nous pourrons aimer comme Jésus le Christ : Alors nous devenons capables de pardonner à ceux qui nous font du mal, d’aimer nos ennemis, de dépasser nos premiers réflexes humains (notamment notre égoïsme), de devenir des rois et des reines de l’Amour. Ainsi, nous reconnaissons Jésus le Christ dans la personne malade, dans la personne en prison, dans la personne en guenilles qui mendie dans la rue, dans la personne qui a faim, qui a soif, dans la personne qui cherche un logement, un travail, un pays d’accueil…
Et au soir de notre vie, nous passerons au tribunal de Dieu, nous serons jugés sur l’Amour. Si vous n’avez pas d’amour vous serez jugés inconsistants devant Dieu qui est Amour : « Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait. »
Le jugement (« Venez, les bénis de mon Père » … « Allez vous en loin de moi, vous les maudits » …) ainsi décrit par saint Matthieu dans son évangile, nous confirme que le jugement exercé par Jésus le Christ sur nous ne consiste pas à nous juger en fonction de notre attitude envers Lui (Jésus, Fils de Dieu, Fils de l’Homme, roi de l’univers) mais de nous juger en fonction de notre attitude envers notre prochain d’après ce que notre conscience nous a conduits à faire, ou ce que notre inconscience nous a conduits à ne pas faire.
Reconnaître la royauté de Jésus Christ ce n’est pas attirer sur nous un peu de sa puissance et exercer en son nom une domination sur le monde. Reconnaître la royauté de Jésus Christ, c’est entrer en communion avec Lui pour suivre son exemple et imiter sa royauté de serviteur. Ainsi, l’exemple du lavement des pieds, où Jésus Christ Roi se met à laver les pieds de ses disciples : C’est par ce geste que Jésus Christ Roi se manifeste en tant que « Maître » et « Seigneur » et il dit : « Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. » (Jean 13, 14-15).
C’est ainsi que nous apprenons avec Jésus lui-même comment l’Amour de Dieu s’étend à l’univers entier. Il n’est pas une puissance extérieure, qui s’imposerait à nous ; il est une puissance de service à l’intérieur de nous qui s’exprime à travers le respect et l’attention que nous sommes capables de nous apporter les uns aux autres.
« Venez, les bénis de mon Père » sont ceux qui ont reconnu la détresse humaine et qui se sont mis en marche pour venir à son secours. Ceux qui ont nourri l’affamé, abreuvé l’assoiffé, vêtu celui qui était nu, accueilli l’étranger, visité le malade et le prisonnier ; ils n’ont pas d’abord fait une profession de foi chrétienne, ils ont commencé par ouvrir les yeux sur la réalité ; ont été touchés par la misère humaine, et ont fait quelque chose pour leurs frères et sœurs en humanité.
C’est ainsi que la royauté de Jésus-Christ se manifeste par cette capacité de susciter au cœur de l’Homme la volonté de la compassion, de la solidarité et de l’Amour.
Jésus nous appelle à être rois avec Lui, en témoignant de l’Amour de Dieu à travers nos gestes de solidarité et de charité.
Jésus est roi, et il dit : “Je ne suis pas venu pour être servi, mais pour servir !
Jésus est roi, et il n’est pas né dans un château, il est né dans une crèche avec les animaux.
Jésus est roi en acceptant de mourir sur la croix.
Et on pourrait continuer longtemps cette liste qui nous montre que Jésus est un roi pas comme les autres, c’est un roi par amour pour nous.
Mais alors, c’est cet effacement, cette royauté qui s’abaisse qui nous fait dire qu’il y a une bonne nouvelle en Jésus ?
Oui. Car Jésus est un roi qui prend la dernière place au milieu de nous. En choisissant d’être persécuté avec ceux qui sont persécutés ; en choisissant de souffrir avec ceux qui souffrent.
En prenant cette dernière place, Jésus, nous force à faire sortir de nous-mêmes ce que nous avons de meilleur en nous ! Il nous force à chercher en nous l’amour que nous sommes capables de donner.
Le Seigneur a voulu cette bonne nouvelle : “Ce que l’on fait aux plus petits, c’est à Jésus qu’on le fait !”
Ne cherchons pas Jésus dans les richesses, dans le pouvoir, mais dans la pauvreté et la faiblesse.
Quelle grande nouvelle, quel grand espoir, car tous, à un moment ou à un autre nous sommes pauvres, ou encore faibles.
Alors, devant les difficultés de la vie, ce n’est pas le moment de se lamenter, car Dieu est là, encore plus présent au milieu de l’épreuve que lorsque tout va bien.
Imaginez ce que pourrait devenir notre société, notre monde, si chacun exigeait de l’autre de l’accepter tel qu’il est avec sa pauvreté.
Nos pauvretés n’étant pas les mêmes on se provoquerait mutuellement à s’aimer les uns les autres tels que nous sommes. Et ce seraient notre reconnaissance des différences de chacun qui deviendrait notre richesse, notre bonheur.
En somme, il ne s’agit pas de faire un monde où tout le monde se ressemblerait, où tout le monde aurait les mêmes richesses.
Non, il s’agit de faire un monde avec nos pauvretés, car alors on n’a pas le choix,
- soit on rejette la pauvreté en cherchant à devenir riche aux dépens des autres (c’est ce que notre monde fait),
- soit on cherche à vivre avec nos pauvretés différentes pour découvrir que l’on est capable d’aimer et d’être heureux en aimant, en reconnaissant que nous avons besoin des différences de chacun.
Je vais vous étonner, mais, c’est aussi ce que la musique fait : il faut plusieurs instruments qui ne peuvent pas faire chacun la même chose, pour obtenir une belle harmonie.
C’est la définition d’un orchestre, les pauvretés de chaque instrument font qu’ils ont besoin des uns et autres et qu’ensemble c’est plus beau que tout seul.
Jésus est un roi serviteur, un roi volontairement pauvre pour que nous n’ayons pas peur de nos pauvretés.
C’est en acceptant les pauvretés différentes des uns et des autres que nous pourrons enfin réaliser une belle harmonie.
Tags : Paix, homélie, Dieu, Jésus, Marie, prière, foi, sacrement, Amour, création, prêtre, Esprit St, église, Ascension, Pâques, Résurrection, Pentecôte
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"Dieu est là, encore plus présent au milieu de l'épreuve que lorsque tout va bien" : la réponse peut-être ?