• Enseignement 5è dimanche ordinaire

     

                Avec l’évangile du dimanche 9 février, après avoir vécu, dans le Loiret, la grande journée du synode en action le 25 janvier à Briare le Canal  (850 personnes rassemblées de tout le diocèse), on peut penser que Jésus nous fait des compliments :

    « Vous êtes le sel de la terre… la lumière du monde. »

    Et pourquoi ne pas le penser, au moins pour le Loiret !?

    « Vous êtes le sel de la terre… la lumière du monde. »

    Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 5, 13-16) :

      En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel devient fade, comment lui rendre de la saveur ? Il ne vaut plus rien : on le jette dehors et il est piétiné par les gens. Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. »

                Quels compliments ! Est-ce que nous en sommes dignes ?

                Le sel n’est pas fait pour rester dans la salière ! La lumière n’est pas faite pour rester dans l’ampoule !

                Pour jouer son rôle, le sel doit être mêlé aux aliments en petite dose. Les grains de sel fondent pour que l’aliment puisse révéler son meilleur goût.

                Ainsi pour que les chrétiens jouent le rôle que Jésus leur demande (« Vous êtes le sel de la terre »), il est important qu’ils soient présents dans le monde et non pas à côté. Si Jésus, depuis le début, invite ses amis d’hier, d’aujourd’hui et de demain à être le sel de la terre, c’est qu’il nous croit capables, avec Lui, de donner à la vie humaine une nouvelle et délicieuse saveur.

                Dans le monde en quête de sensations toujours plus fortes, les chrétiens n’ont pas à apporter des choses extraordinaires. Comme le sel améliore les aliments, les chrétiens remplissent leur mission quand ils améliorent l’ordinaire, quand ils contribuent à donner du sens aux simples choses de la vie. Nous savons que ce n’est pas si facile, car nous faisons tous cette expérience : Les valeurs les plus admirables, les intentions et les pensées les plus sublimes peuvent se dénaturer au quotidien (on peut vivre des moments forts de fraternité, oui mais pas, en réalité, chaque jour ; le sel de la foi peut devenir fade au quotidien). Il reste beaucoup à faire et à vivre pour que chaque être humain ne soit pas privé de l’authentique saveur du quotidien où Dieu nous rejoint en Jésus le Christ, l’Emmanuel (Dieu simplement, ordinairement avec nous).

                Comme le sel, la lumière est nécessaire à la vie de chaque jour !!!

    (Au sens propre du mot « nécessaire » : « Ce qui ne peut pas ne pas être » !)

                « Vous êtes la lumière du monde » nous dit aussi Jésus. Est-ce que cela veut dire que les chrétiens que nous sommes dans le Loiret, doivent porter chaque jour leur tee-shirt rouge du synode en action sur lequel il est écrit : « Ensemble poussés par l’Esprit Saint pour la mission. Eglise du Loiret » ? L’évêque ne nous demande pas de le porter chaque jour mais au moment des rassemblements comme celui que nous avons vécus le 25 janvier à Briare. Alors, devons-nous adopter un profil bas dans notre vie quotidienne en dehors des rassemblements ? Dans notre quotidien, devons-nous cacher notre foi en Jésus, Fils de Dieu le Père et notre Père qui nous fait vivre dans son Amour (dans son Esprit Saint) ? Dans notre quotidien, devons-nous cacher notre appartenance (par le baptême) à la grande et belle communauté de l’Eglise Catholique au moment où celle-ci est marquée par des épreuves très douloureuses ?

                Quelle est donc cette lumière que Jésus a en tête et dans son cœur lorsqu’il nous dit, encore aujourd’hui, « Vous êtes la lumière du monde » ?

                Pour répondre à cette question, je voudrais vous faire voyager sur une île en pleine mer, éloignée du continent, et observer avec vous ce qui se passe la nuit. Sur une île, la nuit, on aperçoit plus qu’ailleurs toutes sortes de lumières : les étoiles, la lune, et aussi beaucoup de lumières fixes ou clignotantes à la surface de la mer (des balises) et également des lumières sur terre : des phares tournés vers la mer qui balayent l’immensité du large. Ces lumières sont certes de tailles réduites par rapport à la nuit ; mais elles sont nécessaires et suffisantes pour que les bateaux évitent les récifs, les rochers qui sortent de l’eau, les basses profondeurs, les barrières de corail… etc.

                Jésus nous invite à être des lumières dans le monde non pas pour l’éblouir, le rendre aveugle mais pour le guider ! Parce que Jésus Christ est Lui-même la Lumière qui guide le monde vers la Paix, l’Espérance, la Foi, l’Amour. Jésus Christ est la Lumière de Dieu Créateur et Sauveur pour chacun de nous ! Jésus Christ est la Lumière de l’Amour plus fort que tout, plus fort que la nuit, plus fort que la mort, la Lumière du Ressuscité !!!

                Pour être « le sel de la terre et la lumière du monde », ce qui compte en premier, avant tout, c’est de croire en l’Amour de Dieu fait Homme en Jésus-Christ : Voici notre phare universel !!!

                Ce n’est pas en se coupant du monde (et de la nuit) qu’on rencontre Dieu. C’est en aimant le monde, en aimant la nuit qu’on rencontre Dieu : Dieu fait Homme en Jésus Christ est mort par Amour pour le monde et dans la nuit il est ressuscité. Sa Résurrection est force de Vie, force de Vérité, Chemin de la Lumière au cœur du monde, au cœur de la nuit. « Mais c’est de nuit » a écrit Saint Jean de la Croix dans son magnifique poème.

                Ainsi, brille le Cierge Pascal dans la nuit de Pâques, symbolisant Jésus le Christ ressuscité, vainqueur de la mort et de la nuit ? Et pendant la messe de la nuit de Pâques, nous allumons nos cierges au Cierge Pascal dans l’église non éclairée par les lumières électriques. Chaque personne devient avec son cierge allumé (qui rappelle le baptême) un îlot de lumière au milieu de la nuit, dessinant ainsi un archipel de visages embellis par la lumière, transfigurés.

                A la suite de Jésus-Christ, « être le sel de la terre et la lumière du monde », est la magnifique et joyeuse mission de tous les chrétiens (jeunes, bien-portants, personnes âgées, personnes malades, pauvres, riches, chrétiens de longues dates, nouveaux chrétiens (néophytes), chrétiens de tous les pays, personnes qui souffrent physiquement et/ou moralement…, tous).

                 Oui, pour tous, avec Jésus Christ, il est possible de passer dès maintenant d’une vie fade à une vie savoureuse, de la nuit sombre à la nuit éclairée. Amen !!!

    A vivre dans la semaine :  

    Je vous propose de lire lentement et de prier avec le magnifique poème de Saint Jean de la Croix (1542-1591).

    « Mais c’est de nuit »

    Je la connais, la source,
    elle coule, elle court,
    mais c’est de nuit.

    Dans la nuit obscure de cette vie,
    je la connais la source, par la foi,
    mais c’est de nuit.

    Je sais qu’il ne peut y avoir de chose plus belle,
    que ciel et terre viennent y boire,
    mais c’est de nuit.

    Je sais que c’est un abîme sans fond
    et que nul ne peut la passer à gué,
    mais c’est de nuit.

    Cette source éternelle est cachée
    en ce pain vivant pour nous donner la vie,
    mais c’est de nuit.

    De là, elle appelle toutes créatures
    qui viennent boire de son eau, dans l’ombre,
    car c’est de nuit.

    Cette source vive de mon désir
    en ce pain de vie je la vois,
    mais c’est de nuit.

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