• Homélie du 19è dimanche du Temps Ordinaire

                Homélie :

                La parole que nous adresse Jésus est : « Soyez sans crainte ». « Soyez sans crainte » veut dire que Jésus est bien conscient de nos peurs. La peur est de tous les temps. Mais quelle réponse donne l’évangile à ce mal existentiel qu’est la peur, inévitable pour tout être humain et dans toute société ?

                La réponse de Jésus pourrait paraître hors de la réalité : « Votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume ». Mais avons-nous besoin d’un ailleurs (le Royaume), avons-nous besoin d’une Promesse pour donner un sens et une confiance au temps présent ? En faisant ainsi, Jésus relativise radicalement tout ce que notre monde peut offrir.

                Cependant, Jésus ne nous invite pas à nous couper du monde et de la vie du monde pour ne plus avoir peur.

                Ce type de discours pourrait effectivement être dangereux. Il pourrait démobiliser ceux qui travaillent pour une meilleure condition humaine. Alors, osons croire que dans la réalité d’en bas, il y a la réalité d’en haut : La terre et le ciel vivent ensemble. Osons croire que la réalité des Hommes et la réalité de Dieu ne forment qu’une seule réalité et Dieu s’est fait homme en Jésus-Christ.

                Aussi Jésus continue-t-il en disant : « Restez en tenue de service » - « gardez vos lampes allumées » - « tenez-vous prêts ».

                Donc, face à la peur, non pas une attente paresseuse, non pas des rêveries sans lendemain. Il faut prendre – maintenant et à l’instant même – l’attitude du travailleur, du serviteur. Nous sommes impliqués dans de multiples engagements. Dans tout ce qui fait notre vie, pensons à la venue de ce que Jésus appelle « le Royaume ».

                D’autant plus que le Royaume n’est pas une théorie, une vision utopique. Il est une présence. Jésus parle de Dieu comme un père qui est infiniment proche : « votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume ». Jésus dit encore : « le Maître prendra la tenue du service et les servira chacun à son tour » : un maître donc qui s’incline devant ses serviteurs. Dieu est ainsi un père qui donne, plus qu’il n’ordonne. Il est un maître qui sert, plus qu’il ne commande.

    Dieu le Père en Jésus se donne… lui-même : « Le Fils de l’homme viendra». Il est lui-même la promesse. Il entretient notre foi, parce que lui, le ressuscité, est déjà là. Il nous fait marcher comme Abraham, dans la foi, dans la confiance, dans l’espérance. Mais pour déceler la présence de Dieu dans notre monde, il nous faut aiguiser notre regard intérieur. Ce regard de foi est d’autant plus nécessaire pour percevoir en chacun le visage de Jésus.       

    Ce regard n'est pas spontané en nous. Mais Dieu nous le donne dans la mesure où nous nous laissons former par la Parole de Dieu.

                En cette eucharistie, Jésus ne vient pas seulement comme Parole. Il vient aussi comme notre pain quotidien, qui est en même temps le pain du ciel. En le recevant, nous dirons « amen », « oui, je veux devenir comme toi, Seigneur : serviteur de mes frères et sœurs ».
    Jésus, toi notre frère, guide-nous par ta parole. Montre-nous le chemin. Libère-nous de nos peurs. Reste avec nous.

                Veillons, soyons vigilants : et discernons la présence rassurante et confiante de Dieu qui vit dans notre humanité.

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