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Homélie du 1er dimanche de Carême
Joyeux carême !
Marchons quarante jours et quarante nuits à la rencontre de Dieu comme Jésus après son baptême.
Marchons et combattons ! Nous avons quarante jours pour montrer au Seigneur combien nous l’aimons et combien nous sommes prêts à renoncer à cette partie de nous-mêmes qui nous éloigne de Lui.
C’est un temps d’épreuve, certes, mais aussi un temps de joie car au bout du Carême il y a la victoire de l’amour sur le péché, sur tout ce qui nous éloigne de l’amour de Dieu.
Pour vivre ces quarante jours de désert, pour nous laisser purifier par le retour à l’essentiel, nous avons un compagnon : Jésus lui-même.
Il n’aurait pas été pleinement homme s’il n’avait pas été soumis à la tentation.
C’est, en effet, dans des situations de désert, que les privations se font ressentir et que nous pouvons être tentés.
L’Evangile de ce premier dimanche de Carême nous dit que les tentations peuvent être au nombre de trois.
Il y a d’abord l’envie de changer les pierres en pain, l’envie de vouloir tout manger, tout absorber, tout assimiler, même ce qui est immangeable, même ce qui résiste le plus fortement à notre convoitise, même les pierres, même les autres.
Il y a ensuite l’envie de dominer tous les royaumes de la terre, l’envie d’imposer sa volonté, l’envie d’utiliser les autres pour réaliser ses propres projets.
Il y a enfin l’envie insidieuse de mettre Dieu à l’épreuve, de le tenter, en lui demandant de nous donner une vie facile, faites de plaisirs et de joies. Mais au contraire, prier Dieu, c’est lui demander de nous donner la force de vivre les moments faciles mais également les moments difficiles. La force de mener une vraie vie et non pas une vie rêvée, utopique.
La force d’être ce que nous sommes capables d’être et de ne jamais nous arracher à ce que la vie attend de nous. Nous ne sommes sur terre ni pour souffrir, ni pour vivre facilement, mais pour vivre intensément le moment présent.
La tentation du matériel
« Change ces pierres en pain ! » C’est la tentation de baser toute notre vie sur le matériel. Nous sommes des consommateurs. Certes, beaucoup n’ont pas encore le minimum vital, mais notre société a pris un rythme dit de croissance sans s’inquiéter ni de l’épuisement de la planète, ni de l’appauvrissement de nos relations. …Ne faudrait-il pas retrouver une certaine modération ? L’Évangile ne cesse de nous y inviter, mais nous sommes sourds.
Et il y a une urgence écologique.
Le Carême nous propose un remède : le jeûne. Il s’agit de se désencombrer de tout ce qui, finalement, nous empêche de vivre en vérité. Et il s’agit de ne pas vivre que pour la consommation matérielle. La vérité est que nous avons également faim de relations avec les autres et avec Dieu.
Un évêque, le père Danneels nous propose de nous exercer pendant les repas au cours de notre Carême : « Pendant le Carême, au cours des repas nous pouvons par exemple éteindre la télé pour mieux échanger autour de la table. Et il nous propose également de quitter la table en ayant encore une petite faim. ».
La tentation du pouvoir, de la domination des autres.
Vient ensuite la tentation du pouvoir : « …si tu te prosternes devant moi », Si tu es prêt à n’importe quoi pour régner, pour dominer, pour te mettre au centre de tout.C’est toute la question de nos relations, car nous avons tous une petite parcelle de pouvoir : sommes-nous respectueux de la liberté des autres ? Ne sommes-nous pas enclins à manipuler notre entourage, à tout faire pour évincer ceux qui nous gênent ?
Ici, le remède est l’aumône, au sens large du terme : donner de soi-même, de son temps, de son nécessaire. Aimer, en effet, c’est faire de la place à l’autre, ne pas occuper tout le terrain. Jésus, lui, le soir du Jeudi saint, s’est fait tout simplement serviteur, lavant les pieds de ses disciples.
La tentation de mettre à l’épreuve Dieu.
Le tentateur, dans le désert, dit à Jésus. « Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre.» Tout faire pour ne pas souffrir, et mettre à l’épreuve Dieu en lui ordonnant de ne surtout pas souffrir.Oh ! La souffrance n’est pas un bien. On ne le répétera jamais assez.
Mais il y a aujourd’hui, une telle pression pour ignorer le mal, que nous pouvons nous poser la question : sommes-nous prêts à prendre des risques et à faire des choix qui pourraient nous blesser un peu ?
De toute façon, souffrir ne nous sera pas épargné. Dieu n’est pas une assurance tous-risques. Jésus lui-même n’échappera pas à la croix. « Jésus n’est pas venu pour détruire la croix, mais pour s’étendre dessus ».
Pour nous, Jésus accepte la croix.
Et ce qui lui permettra d’aller jusqu’au bout de sa mission, ce sera sa relation intime avec Dieu son Père, dans la prière.
Ici, le remède est la prière. La prière est essentielle dans un Carême. Elle est l’écoute d’une autre voix que la nôtre.
Elle est le lieu où nous tissons des liens avec celui qui est notre véritable force pour traverser les épreuves.
Il était une fois un enfant qui s’épuisait à vouloir déplacer une très grosse pierre. « As-tu vraiment utilisé toutes tes forces ? lui demanda son père. – Oui, répondit l’enfant. – Non, reprit le père, car tu n’as pas demandé mon aide ! »
Prier, c’est utiliser toutes nos forces, en utilisant la force de notre filiation avec Dieu le Père.
Si nous voulons que notre Carême soit un temps de joie, de victoire de l’amour sur le péché, un temps de victoire sur tout ce qui nous éloigne de la force de Dieu :
3 remèdes :
- Le jeûne
- l’aumône
- et surtout la prière.
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