• Homélie 13è dimanche ordinaire

     

             Dans l'évangile de Luc, si bien construit, il y a quatre parties. D'abord, il y a les récits de l'enfance. Ensuite, une longue partie consacrée au ministère de Jésus en Galilée. Puis, avant d'aborder la quatrième partie consacrée à la Pâque du Seigneur, une troisième partie de cet évangile qui pourrait être intitulée la longue marche vers Jérusalem.

             C'est le début de cette longue marche que nous rapporte l'évangile de ce dimanche. Géographiquement parlant, on quitte la Galilée et on se dirige vers Jérusalem en traversant la Samarie. Mais le récit de Luc n'est pas un cours de géographie.

            C'est une catéchèse, par laquelle il nous invite à marcher avec Jésus vers la perspective finale, vers le moment où, comme lui, nous allons être « enlevés de ce monde ». Pas étonnant qu'à cette perspective, Jésus durcisse son visage (c'est le sens exact de l'expression en grec, malheureusement édulcorée par la traduction du lectionnaire : « il prit avec détermination la route… »). Imaginons plutôt le visage d'un coureur, ou de n'importe quel sportif en plein effort. Il y a de quoi « durcir son visage » : dans le cas de Jésus : le « salut du monde » passe par l'abaissement, les humiliations, la souffrance (et quelle souffrance !), et enfin la mort. Donc, nous allons marcher avec Jésus qui a un visage déterminé !

             Et le voilà qui s'adresse à nous pour nous donner un conseil important dans l’évangile de ce dimanche.

             Ce conseil important s'adresse à nous par l'intermédiaire des apôtres Jacques et Jean : « Attention, nous dit Jésus, pas de conquête du pouvoir ! » On traverse la Samarie et les Samaritains refusent d'accueillir Jésus et sa petite équipe. Jacques et Jean proposent à leur Maître de faire descendre le feu du ciel sur ce village. Alors que Jésus savait vers quel destin il marchait, ses disciples, eux, pensaient qu'on montait à Jérusalem pour prendre le pouvoir, pour une révolution qui allait tout balayer, et que le « Royaume » dont parlait Jésus s'instaurerait par la violence, à commencer par l'élimination physique de tous ceux qui s'y opposeraient. Jésus rappelle que le Règne de Dieu est au service de la vie de l'amour fraternel. Jésus n’est pas venu pour être servi mais pour servir !

             Sur le chemin vers Jérusalem, Jésus rencontre 3 hommes qui veulent le suivre. Comme il vient de donner le grand conseil du « service » à ses disciples, Jésus utilise 3 images pour expliquer ce qu’il souhaite.

             Le premier veut le suivre « partout où tu iras », mais, dans son esprit, ce « où » est un endroit où l'on va s'arrêter. Le Christ lui répond qu'il n'y a pas d'arrêt, pas de repos : C’est l’image du mouvement (servir c’est bouger, aller sans cesse vers les autres).

             Le deuxième, qui veut enterrer son père, veut lui donner une demeure, un séjour dans la mort. Le Christ lui dit de partir, de quitter le lieu de la mort et d'aller annoncer le « règne de Dieu » : C’est l’image de la Vie (voilà le beau des services à apporter).

             Quant au troisième, qui veut d'abord retourner chez lui pour y faire ses adieux, Jésus lui demande de ne pas regarder en arrière, vers le passé, qui est mort, mais de se tourner vers l'avenir : C’est l’image du regard tourné vers l’avenir avec espérance.

             Qu'est-ce que cela veut dire, pour chacun de nous ? Simplement qu'il faut bouger, marcher, aller de l'avant ? Le conseil du service et les 3 images sont source de libération ! C'est ce que fait saint Paul dans la seconde lecture (Galates 5, 1-18). Jésus le Christ veut nous libérer de tout ce qui s'oppose à l'amour, à la vie et à l'espérance. Par les exemples de l'enterrement du père et l'adieu aux gens de la maison, Jésus le Christ veut nous inviter, si nous voulons marcher avec lui, à nous libérer d'un certain nombre d'attaches qui nous empêchent d'avancer dans la foi.

             Vouloir suivre Jésus le Christ c’est choisir l'amour, la vie, l’espérance et c'est aussi, bien sûr, aimer ses proches, sa famille.

             Mais, nous dit-il, tous tes gestes de patience à l'égard des autres, tous les risques que tu prends dans l'existence, toutes les ruptures dans ta vie, qu'elles soient volontaires ou non, tout cela t'habitue à avancer, sans « regarder en arrière », vers le but fixé, et ainsi, à annoncer, par ta vie, que « le règne de Dieu est là ».

             De quelle foi je témoigne autour de moi ? : Une foi en Jésus qui ne bouge pas et je me contente de rester avec des personnes que je connais bien !? Ou bien est-ce que ma foi en Jésus, j’ose la vivre avec des inconnus ?

             Et si j’ose vivre la foi en Jésus Christ au milieu de personnes que je ne connais pas et qui ne me connaissent pas, c’est là que je construis le règne de Dieu !!! Croire en Jésus le Christ, c’est être toujours en mouvement, le mouvement du service de la Vie, et la Vie plus forte que tout. Croire en Jésus le Christ, c’est croire en l’avenir, vivre dans l’espérance plus forte que tout !

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