• Homélie 33è dimanche ordinaire

     

               Comme chaque année à l’approche du dernier dimanche de l’année liturgique (fête du Christ-Roi : dimanche 24 novembre), les textes de la Parole de Dieu du dimanche 17 novembre (dont surtout l’évangile) nous placent face à des situations catastrophiques qui nous font penser à la fin des temps. Et Jésus nous invite à la persévérance !

    « C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie. »

    Évangile de Jésus Christ selon saint Luc : Luc 21, 5-19 :

        En ce temps-là, comme certains disciples de Jésus parlaient du Temple, des belles pierres et des ex-voto qui le décoraient, Jésus leur déclara : « Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit. » Ils lui demandèrent : « Maître, quand cela arrivera-t-il ? Et quel sera le signe que cela est sur le point d’arriver ? » Jésus répondit : « Prenez garde de ne pas vous laisser égarer, car beaucoup viendront sous mon nom, et diront : ‘C’est moi’, ou encore : ‘Le moment est tout proche.’ Ne marchez pas derrière eux ! Quand vous entendrez parler de guerres et de désordres, ne soyez pas terrifiés : il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera pas aussitôt la fin. » Alors Jésus ajouta : « On se dressera nation contre nation, royaume contre royaume. Il y aura de grands tremblements de terre et, en divers lieux, des famines et des épidémies ; des phénomènes effrayants surviendront, et de grands signes venus du ciel.

        Mais avant tout cela, on portera la main sur vous et l’on vous persécutera ; on vous livrera aux synagogues et aux prisons, on vous fera comparaître devant des rois et des gouverneurs, à cause de mon nom. Cela vous amènera à rendre témoignage. Mettez-vous donc dans l’esprit que vous n’avez pas à vous préoccuper de votre défense. C’est moi qui vous donnerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront ni résister ni s’opposer. Vous serez livrés même par vos parents, vos frères, votre famille et vos amis, et ils feront mettre à mort certains d’entre vous. Vous serez détestés de tous, à cause de mon nom. Mais pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie. »

                « Les disciples demandèrent à Jésus : Maître, quand cela arrivera-t-il ? » La fin de l’année liturgique aborde toujours la question de la fin des temps. Alors, comment Jésus a-t-il répondu à cette question dans l’évangile du 17 novembre ?

                La réponse de Jésus à ses disciples est aussi valable pour nous aujourd’hui, et peut être résumée ainsi : La fin des temps c’est ici et maintenant ! Nous sommes donc dans la fin des temps depuis 2019 années !

                Ce que Jésus nous explique, c’est que la fin des temps est à comprendre de manière diachronique, c’est-à-dire que la fin des temps dure dans le temps, et qu’elle n’est pas à comprendre de manière synchronique, c’est-à-dire de manière événementielle.

                En fait, les paroles que prononce Jésus annonçant les catastrophes naturelles, les persécutions, préparaient les disciples à l’événement de sa Passion et de sa Résurrection. Souvenez-vous, le tremblement de terre, l’obscurité à 3 heures de l’après-midi, le rideau du Temple se déchirant à la mort de Jésus, puis, les arrestations, les persécutions contre les disciples…Ces signes annoncent la fin des temps.

                Depuis la mort de Jésus et sa Résurrection, nous sommes entrés dans la fin des temps. La force de la Résurrection est présente dans le monde et dans le cœur des baptisés. Elle affronte les forces du mal et les forces négatives de notre monde. Nous sommes dans l’attente de la Parousie : L’attente du retour de Jésus Christ en gloire. Notre manière de prier, notre liturgie, est marquée par cette attente du retour de Jésus Christ en gloire. Ainsi pendant la messe nous chantons l’Anamnèse après la Consécration : « Nous proclamons ta mort Seigneur Jésus, nous célébrons ta Résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire. » Et après la prière du Notre-Père le prêtre dit : « Délivre-nous de tout mal, Seigneur, et donne la paix à notre temps. Par ta miséricorde, libère-nous du péché, rassure-nous devant les épreuves en cette vie où nous espérons le bonheur que tu promets et l’avènement de Jésus-Christ notre Sauveur. » La temporalité de la fin des temps dure depuis la Passion de Jésus jusqu’à la Parousie. Nous sommes dedans et la liturgie nous rappelle que nous attendons l’avènement du retour de Jésus Christ.

                « Jésus répondit : … ce ne sera pas aussitôt la fin. » Il y a une manière évangélique de comprendre le mot « fin ». En effet, le mot fin signifie à la fois le terme, mais aussi le but, la finalité. La fin des temps, la fin du monde que nous connaissons, notre propre fin individuelle, a aussi une signification de but, de finalité, de projet, de dessein. Tout s’achèvera en Dieu.

                Deux éléments sont importants dans la réponse de Jésus :

    - Premièrement, Jésus met en garde ses disciples et nous-mêmes aujourd’hui, sur tous ceux qui s’improvisent et s’improviseront prophètes de la fin des temps : « Prenez garde de ne pas vous laisser égarer, car beaucoup viendront sous mon nom, et diront : ‘C’est moi’, ou encore : ‘Le moment est tout proche.’ Ne marchez pas derrière eux ! Quand vous entendrez parler de guerres et de désordres, ne soyez pas terrifiés : il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera pas aussitôt la fin. » Le sujet de la fin des temps a toujours été utilisé par des sectes et des courants religieux pour faire peur et embrigader des personnes fragiles sans repères solides. Alors, utilisons notre intelligence et notre foi ! Voici une de mes citations préférées de Saint Anselme de Cantorbéry (XIème siècle) : « Fides quaerens intellectum (la foi qui cherche l’intelligence) ». Ne nous laissons pas manipuler et si cela est possible, aidons ceux qui tombent dans le piège des sectes ! 

    - Deuxièmement, Jésus nous fait comprendre qu’au travers des événements tragiques, une autre réalité est en train de voir le jour, de venir au monde : Notre temporalité est en train d’enfanter une nouvelle création. Cet enfantement est le fruit de la force de la Résurrection qui anime notre monde. Et le regard humain ne risque de voir seulement que des catastrophes, quand le regard de foi perçoit au-delà des catastrophes, des tragédies, la réalité nouvelle que Dieu fait venir au monde. L’avènement de cette nouvelle réalité n’est accessible que par la foi. « Jésus ajouta : … Mettez-vous donc dans l’esprit que vous n’avez pas à vous préoccuper de votre défense. C’est moi qui vous donnerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront ni résister ni s’opposer. (…) Mais pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie. »

                Alors, nous qui sommes dans cette temporalité de la fin des temps, nous qui vivons de manière aiguë ce que Jésus annonce : « On portera la main sur vous et on vous persécutera. (…) Vous serez livrés même par vos parents, vos frères, votre famille et vos amis, et ils feront mettre à mort certains d’entre vous. Vous serez détestés de tous à cause de mon Nom. ». Nous qui vivons ces réalités, nous sommes invités à les vivre dans la foi et avec la certitude qu’au travers de ces événements le règne de Dieu est en train d’advenir.

                Jésus nous donne les clés pour comprendre et pour vivre notre temporalité. En ces temps particuliers, perturbés, ne perdons pas de vue que c’est notre manière de vivre, c’est notre sérénité devant les événements du monde, c’est notre paix qui peut constituer un appel pour tous ceux que nous rencontrons, parfois déboussolés ou perdus, à s’interroger sur la foi et leur donner envie de connaître Jésus. Amen !

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