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Homélie 5è dimanche de Pâques
Pierre, Thomas, Philippe... 3 apôtres que St Jean met en scène dans les chapitres 13 et 14 de son évangile... 3 croyants qui, manifestement, ont bien du mal à comprendre les propos de Jésus... 3 hommes qui, je crois, nous ressemblent beaucoup !
1) Il y a Pierre tout d'abord. (Jean 13, 36-38 versets qui précèdent l’évangile de ce 5è dimanche de Pâques).
Jésus dit à Pierre qu'il est pour l'instant incapable de le suivre. Alors l’apôtre démarre au quart de tour et, confiant dans ses propres forces, il dit à Jésus : « Pourquoi ne puis-je pas te suivre maintenant ? Je donnerais ma vie pour toi ! » Pierre n'a pas encore compris que seul le Ressuscité peut nous donner la force nécessaire pour le suivre. Lui qui nous a précédés doit revenir nous chercher pour nous prendre avec lui, nous entraîner dans son sillage : « Quand je serai allé vous préparer une place, je reviendrai vous prendre avec moi. » Pierre n'avait pas encore fait l'expérience de sa propre infidélité : il ne soupçonnait pas encore la difficulté du chemin.
N'ayant pas encore pleuré sur son péché, il ne savait pas encore ce qu'était l'amour de Dieu. Seul un pécheur pardonné peut bien parler de Dieu. (Seul un aveugle peut accepter de se laisser réellement guider par un autre.) Personne ne trouve tout seul le chemin qui mène au Père. Avec Pierre une première conversion nous est proposée : personne ne peut, par ses propres forces, avancer sur le chemin de la foi. Il nous faut l'Esprit du Ressuscité.
2) Après l'apôtre Pierre, c'est au tour de Thomas d'intervenir... un Thomas un peu agacé par tout ce mystère, au point qu'il ne peut s'empêcher de dire à Jésus : « Tout cela, c'est bien gentil, mais pour s'engager sur un chemin, encore faut-il savoir où l'on va ! Nous ne savons même pas où tu vas, comment veux-tu que nous connaissions le chemin ? » ... Logique, le Thomas ! La réponse de Jésus déroute notre logique: « Je suis le chemin, la vérité, la vie ». Cela veut dire: Ne rêvez pas ! N'espérez pas prendre une autre voie que la mienne pour me rejoindre.
Avec Thomas, une deuxième conversion nous est proposée : on ne découvre Dieu qui est Amour qu'en s'engageant soi-même dans l'amour du prochain à l'exemple de Jésus.
3) Après Pierre et Thomas, il faut évoquer aussi Philippe. « Depuis le temps que tu nous parles du Père, dit-il à Jésus, le plus simple serait que tu nous le montres; montres nous le Père, et ça nous suffit ! On ne t'en demande pas davantage ! » J'aime à croire que Jésus avait assez d'humour et d'affection envers Philippe pour sourire d'une telle naïveté... Mais, c'est vrai que sa réponse – « qui m'a vu a vu le Père » est et demeurera toujours pour nous le point central de notre foi.
Comme sur la route d'Emmaüs, Jésus invite ses disciples à changer de regard pour relire leur passé : « Depuis si longtemps que je suis avec toi, Philippe, et tu ne me connais pas ? » Avec Philippe, une troisième conversion nous est proposée : le Seigneur notre Dieu marche avec nous sur le chemin de notre vie.
Avec Pierre, dépouillons-nous de toute suffisance : ce n'est pas nous qui allons vers Dieu en premier c’est le Seigneur lui-même qui vient vers nous par son Fils Jésus-Christ et Jésus est le chemin qui mène à Dieu le Père.
Et puis, avec Thomas et Philippe, vérifions que nous ne reléguons pas Jésus le Christ au bout de notre vie, Lui qui est non seulement la Vérité et la Vie, il est le Chemin de la Vérité et de la Vie ! Qui cherche la Vérité et la Vie prend le Chemin de Jésus.
Et ce n’est pas seulement pour demain. C’est pour aujourd’hui. « Le Père, vous le connaissez dès maintenant », dit Jésus à Philippe. « Qui m’a vu a vu le Père. » La foi est pour aujourd’hui.
Tous, nous rencontrerons un jour Dieu le Père en rejoignant le Ciel. Mais tous nous ne croyons pas suffisamment que nous pouvons rencontrer Dieu, chaque jour sur terre, par Jésus qui est le Chemin de la Vérité et de la Vie !
Nous avons l’habitude de dire que nous passons de l’enfance à l’adolescence, de l’adolescence à l’âge adulte et de l’âge adulte à un âge avancé.
Hé bien, avec la foi en Dieu, la foi en Jésus le Christ, c’est le contraire ! Plus on avance dans la vie, et plus on devient un enfant, un enfant dans notre manière d’être, dans notre manière d’avoir besoin de Dieu, de Jésus.
La foi chrétienne, la foi de l’Eglise, la foi des baptisés que nous sommes, refuse de croire que la vie soit un chemin qui descend, une descente. Non, la vie est un chemin qui monte, une montée vers la vie éternelle avec Dieu. Vie éternelle qui est déjà commencée chaque jour de notre vie. AMEN
Tags : homélie, dimanche, Dieu, Jésus-Christ, messe, Marie, prière, foi, sacrement, Amour, ressuscité, Pâques, Esprit Saint, miséricorde, confinement, paix
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