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Homélie dimanche des Rameaux
Homélie Dimanche des Rameaux
« Et voici que le rideau du Sanctuaire se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas… »
J’aime bien le dimanche des Rameaux. Chaque année, les églises se remplissent plus que d’habitude. De nombreuses personnes qui pratiquent peu se sentent invitées. Nombreux sont ceux qui, chaque année, mettent ces rameaux en évidence dans leurs maisons, ou les partagent en famille, avec des amis, ou encore en déposent sur les tombes. Mais, cette année, le dimanche des Rameaux 5 avril 2020, les églises seront vides. « Nous resterons chez nous ! » La messe des Rameaux sera célébrée « en privé » en union avec tous ceux qui s’uniront par la radio, la télévision, internet ou par la prière. En ce temps d’épreuve, nous demanderons au Seigneur de bénir nos rameaux chez nous.
Chères frères et sœurs en Christ, cette bénédiction qui nous rejoindra dans notre confinement signifiera ce qu’elle signifie chaque année : la PROXIMITÉ de la fête de PÂQUES, de la RÉSURRECTION de JÉSUS CHRIST !!! Si nous nous soutenons les uns les autres dans la foi et dans l’espérance, nous parviendrons à la lumière du matin promis par Jésus Christ, la lumière du matin de Pâques !!!
En effet, la messe des Rameaux ouvre la magnifique Semaine Sainte, source et sommet de la foi chrétienne. C’est pourquoi, nous lisons, habituellement à plusieurs voix, l’évangile de la Passion de Jésus-Christ, en cette année A : Matthieu 26, 14 – 27, 66.
Le récit de la Passion selon Saint Matthieu est plus qu’un simple reportage. En prenant le temps de le lire lentement, nous nous apercevons que Jésus accomplit ce que les prophètes ont dit avant Lui. Jésus Christ ne subit pas la Passion, il la vit par Amour pour nous.
Ainsi nous lisons : « Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit à son sujet… » (Mt 26, 24) ; « … car il est écrit : je frapperai le berger et les brebis du troupeau seront dispersées. » (Mt 26, 31) ; « Voici qu’elle est proche, l’heure où le Fils de l’homme est livré aux mains des pécheurs. » (Mt 26, 45) ; « … alors, comment s’accompliraient les Ecritures selon lesquelles il faut qu’il en soit ainsi ? » (Mt 26, 54) ; « Mais tout cela est arrivé pour que s’accomplissent les écrits et les prophètes. » (Mt 26, 56) ; « … désormais vous verrez le Fils de l’homme siéger à la droite du Tout-Puissant et venir sur les nuées du ciel. » ; « Alors fut accomplie la parole prononcée par le prophète Jérémie : « Ils ramassèrent les trentes pièces d’argent, le prix de celui qui fut mis à prix, le prix fixé par les fils d’Israël, et ils les donnèrent pour le champ du potier, comme le Seigneur me l’avait ordonné. » (Mt 27, 9) ; « Vers la neuvième heure, Jésus cria d’une voix forte : « Eli, Eli, lema sabactani ? », ce qui veut dire : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mt 27, 46) ; « … une éponge qu’il trempa dans une boisson vinaigrée, il la mit au bout d’un roseau, et il lui donnait à boire. » (Mt 27, 48) ; « Et voici que le rideau du Sanctuaire se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas… » (Mt 27, 51).
L’expression « Fils de l’homme » fait référence au prophète Daniel (Dn 7, 13) : C’est le vainqueur des puissances du monde, représentées par des bêtes féroces. Le Fils de l'homme est le vainqueur du combat et la royauté universelle lui est remise. En Matthieu 26, 31 c’est la référence au prophète Zacharie (Za 13, 7). Puis en Matthieu 27, 9 c’est la référence au prophète Jérémie (Jr 32, 6-9). En Matthieu 27, 46 Jésus dit sur la croix le début du psaume 21 (Ps 21, 2). En Matthieu 27, 48 c’est aussi la référence à un psaume (Ps 68, 22). Et en Matthieu 27, 51 c’est le lien entre la crucifixion de Jésus et le rideau du Temple qui se déchire. Ce déchirement montre que Jésus est le dernier et le vrai sacrifice qui enlève le péché du monde. La présence de Dieu, autrefois cachée par le rideau du Temple, n’est plus réservée à une élite spirituelle, nous y avons tous accès par Jésus-Christ !
Jésus Christ choisit, en pleine conscience, d’accomplir la volonté de Dieu son Père et notre Père. Cf sa prière dans le jardin de Gethsémani (Mat 27, 39) : « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme moi, je veux, mais comme toi, tu veux. » Jésus endure la trahison de Judas (pourtant l’un de ses apôtres) ; le reniement de Pierre (sur lequel il compte beaucoup) ; les accusations (chez le grand prêtre, chez le gouverneur Pilate) ; les humiliations, les injures, les cris de la foule contre lui, la flagellation, les moqueries, les crachats, le poids de la croix, la crucifixion, et il meurt sur la croix. Jésus est doux et se laisse faire. Il ne se défend pas et même il va jusqu’à choisir le silence devant le grand prêtre et devant Pilate.
Alors, ce n’est pas étonnant que, pour entrer dans la ville de Jérusalem, Jésus ait choisi « une ânesse et un petit âne » (évangile de l’entrée à Jérusalem lue au début de la messe du dimanche des Rameaux : Mt 21, 1-11). Jésus a besoin de cette ânesse et de son petit pour montrer la douceur et la patience de son cœur. Si Jésus avait été un roi puissant à la manière des hommes, qui comptait sur sa force pour recevoir le triomphe dans la ville de Jérusalem, il aurait revêtu une armure et serait monté sur un grand cheval. Mais ce n’est pas de cette manière-là qu’il veut nous rejoindre. Nous, avec nos idées de puissance, de richesses et de grandeur, nous aurions pris un cheval, mais lui, Jésus, il a choisi une ânesse et un petit âne. Car Jésus veut entrer en relation avec nous de la manière la plus humble possible, par en bas ! : « le rideau du Sanctuaire se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas. »
Le jour des Rameaux, une foule acclame Jésus comme un roi en puissance et une autre foule ensuite le condamne à mourir sur une croix ! On libère un criminel appelé Bar-abbas (le fils du père) et on fait mourir à sa place le vrai Fils du Père (Jésus le Christ).
La vie de Jésus semble finir sur un échec, ses apôtres se sont tous enfuis à l’exception de Jean et de sa mère Marie restés au pied de la croix. Et Jésus dit, avant de mourir, les mots du psaume 21 qui commence par : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Jésus Christ prend sur lui toutes nos solitudes, toutes nos souffrances, toutes nos peurs. Oui, ce n'est pas pour faire semblant qu'il s'est fait Homme, mais il a accepté de partager notre condition humaine jusqu'au bout, jusqu'à la mort. Le rideau du Temple de Jérusalem s’est bien déchiré du haut vers le bas !!!
Cet exemple d'oubli de soi, ce message d'Amour de Dieu par Jésus Christ, c’est notre mission à nous chrétiens d'aujourd'hui d'en témoigner. Et c'est quand tout semble fini que tout commence et que, dans la nuit du tombeau germera l'aube de la Résurrection et de la Vie au moment de Pâques !
Aujourd’hui, en cette période de lutte contre le coronavirus et surtout de soins auprès des malades dans les hôpitaux, dans les EHPAD, dans les familles confinées, … des croyants et des non croyants sont nombreux à vivre, en pleine conscience, un chemin qui ressemble à celui de la Passion.
Voici le témoignage émouvant d’un médecin :
« Même dans mes pires cauchemars, je n'aurais jamais imaginé vivre un jour tout ce qui se passe depuis trois semaines dans mon hôpital. » Ainsi commence le témoignage bouleversant d'un médecin de 38 ans travaillant dans un hôpital de Lombardie, posté le 21 mars sur la page Facebook d'un mouvement italien d'évangélisation "True Love in Jesus – 100% Vero Amore".
En effet, Julian Urban a partagé avec les internautes son quotidien terriblement difficile dans la lutte contre l'épidémie de coronavirus : « Le fléau devient de plus en plus grand. Le cauchemar nous atteint de plus en plus. Au début il y avait quelques personnes malades, ensuite des dizaines, maintenant des centaines. Mes collègues et moi, nous ne sommes plus des médecins, mais des trieurs qui décident qui doit vivre et qui doit rentrer à la maison pour y mourir », constate-il.
Le docteur Urban, 38 ans, reconnaît qu'il a été athée toute sa vie. Ne lui avait-il pas été enseigné pendant ses études de médecine, rappelle-t-il, que la science exclut l'existence de Dieu ? Cependant, tout a changé pour lui le jour où un prêtre, aumônier des hôpitaux âgé de 75 ans, est arrivé dans son service. C'était il y a neuf jours (donc 21 mars – 9 = 12 mars : 2 jours avant l’annonce du confinement en France !)
« Il avait un regard bienveillant. Un homme bien. Bible en main, il passait d'une chambre à l'autre pour accompagner les personnes en train de mourir. C'était impressionnant pour nous de l'observer.
Épuisés physiquement et psychiquement, nous cherchions à le voir un moment et à l'écouter. En le rencontrant, je me suis rendu compte que là où l'homme ne peut rien faire, Dieu peut agir. Dès que nous avions cinq minutes, nous demandions à Dieu de l'aide. Depuis, nous échangions beaucoup.
Je ne pouvais pas croire que mes collègues et moi, tous athées bien trempés, nous nous joignions aux prières de ce prêtre chaque jour pour demander au Seigneur la paix et l'aide pour soigner les malades », se confie Julian Urban.
Malheureusement, l'aumônier est mort il y a quelques jours. Mais, comme témoigne le médecin, sa présence jusqu'au dernier jour a apporté la paix et l'espoir à tous les soignants de son service.
« Je ne suis pas retourné chez moi depuis six jours. Je ne me souviens pas quand j'ai mangé la dernière fois. Peu importe. Je me rends compte que ma vie d'avant n'avait pas de sens. À partir de maintenant et jusqu'au dernier souffle de ma vie, je vais me consacrer à aider les autres. Je suis heureux d'avoir rencontré Dieu grâce à ce prêtre, en plein milieu de la souffrance et la mort de mes patients. Dieu est là, l'espoir est là. »
Si nous fixons un rameau béni sur la croix de Jésus le dimanche des Rameaux, c'est pour nous rappeler que le bois de la croix a refleuri à Pâques. La croix n'est plus un signe de mort. Elle est, avec la foi en Jésus Christ, le signe de la Vie plus forte que tout ! Amen !
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